Le modèle du rat DEBR a permis de démontrer le rôle
primordial des cellules T CD8+ puisqu'une déplétion de lymphocytes T
CD8+ par l'injection intrapéritonéale d'anticorps monoclonales anti-CD8
induit une repousse des poils (McElwee et coll.1996). De plus des irritants
de contact qui diminuent le nombre de lymphocytes T CD8+ induisent une
repousse des cheveux chez les souris C3H/HeJ (Freyschmidt-Paul et coll.1999).
On a également pu démontrer une participation des lymphocytes T CD4+
dans la chute des poils des souris C3H/HeJ. Ainsi l'injection intrapéritonéale
d'anticorps monoclonal anti-CD4 induit une repousse des poils (McElwee
et coll.1999). De plus dans ce modèle une pelade peut être induite dans
des animaux sains par des greffes d'explants peladiques de souris malades
(McElwee et coll.1998). Cependant un traitement par des anticorps anti-récepteur
CD44v10 empêche la chute des poils chez les animaux greffés et on constate
une forte diminution de l'infiltrat périfolliculaire de cellules T CD8+
ainsi qu'une diminution de l'expression des protéines du CMH de classe
I dans l'épithélium (Freyschmidt-Paul et coll.2000). Le CD44v10 a été
révélé sur des lymphocytes T de la peau peladique (Wagner et coll.1998).
L'expression de CD44v10 à la surface des lymphocytes T semble important
dans leur migration et infiltration dans le derme. Cependant une autre
étude montre une absence de cellules CD44+ lors de pelades (Sawaya et
coll.1994). Les souris nude sont utilisées pour greffer des explants
péladiques humains. On constate une repousse des cheveux sur des biopsies
de patients greffées sur des souris nude (Gilhar et coll.1987). Le sérum
de patients atteints de pelade n'a pas d'effet sur ce modèle (Gilhar
et coll.1992) montrant que des facteurs sériques ne semblent pas essentiels
dans l'induction de la maladie. Cependant l'injection de lymphocytes
T du cuir chevelu du donneur préalablement incubés avec des homogènats
de follicules pileux en présence de cellules présentatrices d'antigènes
permet la réinduction d'une pelade dans des biopsies de patients greffés
sur des souris scid (Gilhar et coll.1998). Des lymphocytes T non-primés
n'ont pas cette capacité et ces cellules semblent donc reconnaître des
autoantigènes folliculaires. Ce pouvoir
inducteur serait due aux lymphocytes T CD8+ tandis que les cellules
T CD4+ n'interviendraient pas (Gilhar et coll.1999). Des cytokines pourraient
également intervenir. La synchronisation du cycle du cheveu chez la
souris induite par une dépilation permet l'étude des mécanismes impliqués
dans la croissance du cheveu. Ainsi on a pu démontrer que les ARNm d'IL1
a
et IL1
b ainsi que l'expression du récepteur
d'IL1 de type I augmentent en début de la phase catagène et sont maximales
en phase télogène (Hoffmann 1999). De façon intéressante les souris
transgèniques surexprimant l'IL1
a dans l'épiderme
présentent des chutes de poils en plaques (Groves et coll.1995) et
in
vitro IL1
b induit des changements morphologiques
du follicule pileux semblables à ceux observés dans la pelade (Philpott
et coll.1996). De plus IL1
a et IL1
b
sont des inhibiteurs très puissants de l'élongation du cheveu
in
vitro et on observe dans les biopsies de plaques peladiques une
surexpression de cytokines, notamment IFNy, IL2 (cytokines de type Th1)
et IL1
b tandis qu'un traitement par des allergènes
de contact induit une diminution d'IL1
b et
une augmentation d'IL10, TGF
b1 et TNF
a
(Hoffmann 1994 et 1996, Happel et coll.1995). Un rôle probable de ces
cytokines est également évoqué par le polymorphisme des gènes d'IL1
b
(Galbraith et coll.1999), d'IL1
a, (Ahnini
et coll.1999) et TNF
a (Galbraith et coll.1995).
L'antagoniste du récepteur d'IL1 (Corck et coll.1995) aurait aussi un
rôle chez les patients atteints de pelades extensives. Il est intéressant
de noter que lors de pelades universelles le taux sérique d'IL2 et d'IFN
g
est augmenté contrairement aux pelades en plaques où des cytokines IL1a
et IL4 sont augmentées (Teraki et coll.1996). Un troisième facteur intervenant
dans la pelade semble être une expression aberrante des protéines du
CMH de classe I et II sur les kératinocytes qui est réduit par des traitements
avec des allergènes de contacts (Bröcker et coll.1987). Les souris transgèniques
exprimant l'HLA-B27 humain ont effectivement des lésions peladiques
(Yanagisawa et coll.1995). Des molécules d'adhésion tel que ICAM-1 sont
également surexprimées sur les kératinocytes (Nickoloff et coll.1991).