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Recherches

Physiopathologie

La pelade est caractérisée par un infiltrat intra et périfolliculaire de cellules inflammatoires : principalement des lymphocytes T activés (majoritairement des cellules T CD4+ et très peu de lymphocytes T CD 8+ et cette augmentation du ratio CD4+/CD8+ semble corrélé à l'extension de la perte de cheveux). Une diminution des CD8+ dans le sang périphérique a été rapportée chez des personnes atteintes de pelade sans pour autant changer le nombre total de lymphocytes T. Sur les lymphocytes des plaques peladiques on constate au niveau des récepteurs TCR une utilisation préférentielle de la chaîne Vb 2, 4 et 13 (Dressler et coll.1997). Une diminution de la réponse des cellules T périphériques à l'IL2 a également été rapporté (Orecchia et coll.1988) et le taux sanguin du récepteur soluble d'IL2 est augmenté pendant la phase active de la pelade (Valsecchi et coll. 1992). Il est intéressant de noter que des souris transgèniques exprimant l'IL2 humain développent des pelades (Ohta et coll. 1990, Ishida et coll. 1989). Cette cytokine peut effectivement intervenir dans le processus autoimmun (voire schéma des causes des maladies autoimmunes). En plus des lymphocytes T on observe la présence de macrophages, d'éosinophiles et de cellules de Langerhans dont on constate une présence anormale au niveau du bulbe (Kohchiyama et coll.1985). Les mélanocytes peuvent être endommagés et les kératinocytes présentent parfois des vacuolarisations. Les mitoses sont diminuées dans la papille dermique et sa taille diminue. Au niveau de la papille dermique, de la matrice pilaire et de la gaine folliculaire externe les kératinocytes ont une expression d'ICAM-1 augmentée (McDonagh et coll.1993). Ce sont des molécules d'adhésion qui permettent une interaction avec d'autres cellules notamment inflammatoires facilitant leur migration. Les cellules endothéliales présentent également une expression anormale des molécules d'adhésion, notamment l'ELAM-1 qui pourrait aider l'adhésion des leucocytes (Nickoloff et coll.1991). Des cytokines pourraient également intervenir dans la physiopathologie de la pelade puisqu'une production accrue de plusieurs cytokines (IFNg, IL1b, IL2) existe au niveau des plaques (Hoffmann et coll.1994). L'IL1b est notamment connue pour son action inhibitrice sur la croissance du cheveu. L'IFNg pourrait être à l'origine de la surexpression des molécules d'adhésion et des protéines du CMH de classe I et II sur les kératinocytes au niveau des plaques (Bröcker et coll.1987, Hamm et coll.1988). La production du TNFa est quant à lui diminué (Skoutelis et coll.1990). Une diminution de la circulation sanguine est constatée dans la pelade (Rossi et coll.1997) qui pourrait être due à la diminution de l'activité fibrinolytique (Lotti et coll.1991). Ainsi le dépôt périvasculaire de matériel fibrinoïde pourrait induire l'hypoxie des follicules et la chute du cheveu. Une étude a démontré la présence de cytomégalovirus dans les plaques peladiques (Skinner et coll.1995) mais ceci n'a pas pu être confirmer par d'autres équipes. Il existe également des modifications du système nerveux périphérique. Une altération morphologique et fonctionnelle de l'innervation des glandes sudorales est observée dans les plaques (Hordinsky et coll.1995). Le neuropeptide CGRP (calcitonin gene-related peptide) qui possède des capacités anti-inflammatoires semble être diminué dans le sang et le cuir chevelu de patients (Daly 1998) tout comme la substance P (SP). L'induction du relargage de ce neuropeptide SP par la capsaicine a provoqué la croissance de cheveux lors de pelades (Ericson et coll.1999) et la substance P induit la croissance de cheveu chez la souris (Paus et coll.1994). Il est intéressant de noter que le stress peut réguler la sécrétion des neurotransmetteurs ainsi que la densité et la sensibilité de leurs récepteurs.

Recherches des facteurs génétiques

La pelade est considérée comme une maladie polygénique c. à d. que plusieurs gènes pourraient intervenir. Certains comme marqueurs de susceptibilité, d'autres contrôlant la gravité de la maladie ou directement dans le déclenchement de la maladie. Cette maladie est considérée comme autosomale dominante avec pénétrance incomplète. Certains allèles HLA de classe II sont plus fréquents chez des malades : Les allèles HLA-DR4, HLA-DR5 semblent être des marqueurs de susceptibilité, HLA-DR4 (Duvic et coll.1991) étant observé dans des pelades graves et HLA-DR5 dans des pelades graves et précoces (Orechia et coll.1987). L'allèle HLA-DRw52a et HLA-DR16 apparaissent d'être des marqueurs de résistance. HLA-DQ3 semble être un marqueur de susceptibilité pour toutes les formes de pelade (Colombe et coll.1995, Duvic et coll.1995, Welsh et coll.1994) tandis que HLA-DQw7, tout comme HLA-DR4, est observé chez des patients avec des formes sévères et des pelades de longue durée. HLA-DR11 (Colombe et coll.1995, Duvic et coll.1995) et HLA-DPw4 montrent également une fréquence augmentée. La fréquence de HLA-DPw4 est notamment augmentée lors de pelades résistantes aux traitements (Odum et coll.1990). Des allèles HLA de classe I HLA-A1, HLA-B12, HLA-B18, HLA-B15 et HLA-Cw7 (pour revue McDonagh et coll.1993, Kavak et coll.2000) semblent également plus fréquents chez les patients. A part des recherches sur les gènes du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) des études sur des gènes de cytokines ont été menées. Elles montrent une plus grande fréquence de l'allèle 2 du gène de l'IL1ra notamment lors des pelades graves (Corck et coll.1995). De plus il existe des polymorphismes de l'IL1a (Ahini et coll. 1998), de l'IL1b et du TNFa notamment dans les pelades graves pour ce dernier (Galbraith et coll.1995 et 1999). Des gènes du chromosome 21 pourraient également intervenir dans la susceptibilité puisqu'il existe une association entre la pelade et la trisomie 21.

Recherches d'autoanticorps

Des autoanticorps circulants contre différents organes ont pu être détectés chez les malades : anti-thyroïdiens, anti-surrénales, anti-testicules et anti-ovariens ainsi que des anti-muscles lisses, anti-cellules pariétales, anti-mitochondries et anti-nucléaires (Montazeri et coll.1996). Cependant des pelades ont été observées chez des patients atteints d'une maladie avec un manque de la production d'anticorps fonctionnelles (Spickett et coll.1991). Des anticorps contre le follicule pileux pigmenté ont été observés dans 100 % des malades contre seulement 44 % chez les sujets sains (Tobin et coll.1994). Cependant les structures du follicule contre lesquels les patients développent des anticorps varient fortement (le plus fréquent étant la gaine folliculaire externe mais également la matrice pilaire, la gaine folliculaire interne et la tige pilaire (Tobin et coll.1997)). Ces anticorps pourraient inhiber la différenciation kératinocytaire provoquant la production de cheveux anagènes dystrophiques ou la progression prématurée de cheveux anagènes précoces en phase catagène.

Modèles animaux

Différents modèles d'animaux existent qui présentent des pertes de poils semblables à celles observées dans la pelade humaine. La chute est observée spontanément avec une sévérité variable allant jusqu'à la perte totale chez certains animaux. Ces animaux présentent des infiltrats péri et intrafolliculaires de lymphocytes T mais, contrairement à l'homme, on observe préférentiellement des cellules CD8+ avec quelques cellules CD4+. Chez ces animaux on constate également une expression anormale de protéines du CMH de classe I et II et d'ICAM ainsi que des follicules anagènes miniaturisés. Ainsi ces modèles sont utiles et appréciables pour la compréhension des mécanismes impliqués dans la physiopathologie de la pelade. L'apport de ces modèles dans l'évaluation des nouveaux médicaments s'avère cependant limité. Le rat DEBR (Dundee experimental bald rat) présente une chute progressive des poils en plaques qui peut conduire à une perte complète des poils (Michie et coll.1991). Chez des souris C3H/HeJ ont observe une perte de poils spontanée chez environ 20% des animaux. 10% de ces souris malades présentent une perte subtotale ou totale (Sundberg et coll.1994). Le poulet smyth chicken constitue un autre modèle animale de pelade (Smyth et coll.1999). Des souris nude et SCID peuvent être utilisées pour greffer des biopsies de peau humaine de patients.

Mécanisme immunologique

Le modèle du rat DEBR a permis de démontrer le rôle primordial des cellules T CD8+ puisqu'une déplétion de lymphocytes T CD8+ par l'injection intrapéritonéale d'anticorps monoclonales anti-CD8 induit une repousse des poils (McElwee et coll.1996). De plus des irritants de contact qui diminuent le nombre de lymphocytes T CD8+ induisent une repousse des cheveux chez les souris C3H/HeJ (Freyschmidt-Paul et coll.1999). On a également pu démontrer une participation des lymphocytes T CD4+ dans la chute des poils des souris C3H/HeJ. Ainsi l'injection intrapéritonéale d'anticorps monoclonal anti-CD4 induit une repousse des poils (McElwee et coll.1999). De plus dans ce modèle une pelade peut être induite dans des animaux sains par des greffes d'explants peladiques de souris malades (McElwee et coll.1998). Cependant un traitement par des anticorps anti-récepteur CD44v10 empêche la chute des poils chez les animaux greffés et on constate une forte diminution de l'infiltrat périfolliculaire de cellules T CD8+ ainsi qu'une diminution de l'expression des protéines du CMH de classe I dans l'épithélium (Freyschmidt-Paul et coll.2000). Le CD44v10 a été révélé sur des lymphocytes T de la peau peladique (Wagner et coll.1998). L'expression de CD44v10 à la surface des lymphocytes T semble important dans leur migration et infiltration dans le derme. Cependant une autre étude montre une absence de cellules CD44+ lors de pelades (Sawaya et coll.1994). Les souris nude sont utilisées pour greffer des explants péladiques humains. On constate une repousse des cheveux sur des biopsies de patients greffées sur des souris nude (Gilhar et coll.1987). Le sérum de patients atteints de pelade n'a pas d'effet sur ce modèle (Gilhar et coll.1992) montrant que des facteurs sériques ne semblent pas essentiels dans l'induction de la maladie. Cependant l'injection de lymphocytes T du cuir chevelu du donneur préalablement incubés avec des homogènats de follicules pileux en présence de cellules présentatrices d'antigènes permet la réinduction d'une pelade dans des biopsies de patients greffés sur des souris scid (Gilhar et coll.1998). Des lymphocytes T non-primés n'ont pas cette capacité et ces cellules semblent donc reconnaître des autoantigènes folliculaires. Ce pouvoir inducteur serait due aux lymphocytes T CD8+ tandis que les cellules T CD4+ n'interviendraient pas (Gilhar et coll.1999). Des cytokines pourraient également intervenir. La synchronisation du cycle du cheveu chez la souris induite par une dépilation permet l'étude des mécanismes impliqués dans la croissance du cheveu. Ainsi on a pu démontrer que les ARNm d'IL1a et IL1b ainsi que l'expression du récepteur d'IL1 de type I augmentent en début de la phase catagène et sont maximales en phase télogène (Hoffmann 1999). De façon intéressante les souris transgèniques surexprimant l'IL1a dans l'épiderme présentent des chutes de poils en plaques (Groves et coll.1995) et in vitro IL1b induit des changements morphologiques du follicule pileux semblables à ceux observés dans la pelade (Philpott et coll.1996). De plus IL1a et IL1b sont des inhibiteurs très puissants de l'élongation du cheveu in vitro et on observe dans les biopsies de plaques peladiques une surexpression de cytokines, notamment IFNy, IL2 (cytokines de type Th1) et IL1b tandis qu'un traitement par des allergènes de contact induit une diminution d'IL1b et une augmentation d'IL10, TGFb1 et TNFa (Hoffmann 1994 et 1996, Happel et coll.1995). Un rôle probable de ces cytokines est également évoqué par le polymorphisme des gènes d'IL1b (Galbraith et coll.1999), d'IL1a, (Ahnini et coll.1999) et TNFa (Galbraith et coll.1995). L'antagoniste du récepteur d'IL1 (Corck et coll.1995) aurait aussi un rôle chez les patients atteints de pelades extensives. Il est intéressant de noter que lors de pelades universelles le taux sérique d'IL2 et d'IFNg est augmenté contrairement aux pelades en plaques où des cytokines IL1a et IL4 sont augmentées (Teraki et coll.1996). Un troisième facteur intervenant dans la pelade semble être une expression aberrante des protéines du CMH de classe I et II sur les kératinocytes qui est réduit par des traitements avec des allergènes de contacts (Bröcker et coll.1987). Les souris transgèniques exprimant l'HLA-B27 humain ont effectivement des lésions peladiques (Yanagisawa et coll.1995). Des molécules d'adhésion tel que ICAM-1 sont également surexprimées sur les kératinocytes (Nickoloff et coll.1991).

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